Jim Walker : La marche est-elle la première des mobilités urbaines ?


"Predict Provide Paradigm", le modèle du 20e siècle au sein duquel les urbanistes prévoyaient les infrastructures nécessaires pour les véhicules et organisaient le trafic, n'est plus viable. Ce modèle a encouragé l'adoption massive de véhicules privés par le grand public.

 

Le 21e siècle a déjà été témoin de l'émergence des mégapoles, avec des populations dépassant les 10 millions d'habitants. Dans de telles densités urbaines, l'utilisation de véhicules privés devient tout simplement impossible. Même le développement des véhicules électriques et autonomes ne résout pas la situation. Bien que les émissions de carbone soient réduites, les embouteillages deviennent plus fréquents. La seule solution pour déplacer efficacement les citoyens à cette échelle est d'utiliser les transports publics. Des villes comme Shanghai, comptant 26 millions d'habitants, ne pourraient tout simplement pas fonctionner sans un système de transport public solide. Avec 20 à 30 milliards de trajets en transport en commun effectués chaque jour dans le monde, cette tendance ne fera que s'accentuer.

 

Les municipalités et les décideurs politiques doivent donc envisager d'utiliser les infrastructures existantes pour renforcer les transports publics et les rendre attractifs pour le plus grand nombre d'usagers possible. Une façon d'y parvenir est d'assurer des horaires de transport fiables et ponctuels, avec une fréquence accrue. Il est également crucial de promouvoir l'innovation dans les modes de transport public, en veillant à ce que les passagers aient le choix entre plusieurs options pour se déplacer. Il est nécessaire d'abandonner la priorité accordée à la voiture pour l'avenir des villes et de privilégier les transports publics par rapport aux véhicules privés. Ma vision est que les autorités de transport public doivent collaborer au maximum avec les acteurs privés pour conserver le contrôle de la planification tout en permettant au marché de répondre aux besoins de transport. Aujourd'hui, la moitié de la population mondiale vit en milieu urbain et ce chiffre ne fera qu'augmenter au cours des décennies à venir.

  • Graham  Currie
    Graham Currie
    Professeur de transports publics à l'université de Monash
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