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Frontières

Quels sont les défis de la mobilité transfrontalière en Europe ?

  • Jakop Dalunde

    Jakop Dalunde

    Député européen membre du Parti de l'environnement Les Verts

20 Juin 2024

Pour véritablement changer nos pratiques en termes de mobilité, La mobilité a joué un rôle crucial dans la connexion des personnes et la formation des sociétés à travers l'histoire. 

Aujourd'hui, le transport continue d'offrir des possibilités accrues pour les voyages et les déplacements, facilitant la vie quotidienne et unissant davantage l’Union européenne. À l’aune des tensions géopolitiques croissantes, des conflits et des impacts visibles du changement climatique à l'échelle mondiale, réévaluer notre approche aux transports est d'autant plus nécessaire. Cela ne s'applique pas seulement aux zones urbaines et rurales, mais aussi aux mouvements transfrontaliers. L'Europe est l'une des régions les plus interconnectées du monde, permettant des voyages libres à travers les frontières pour les citoyens et les visiteurs. Préserver et améliorer notre système de mobilité unique est essentiel alors que nous nous efforçons de développer des solutions plus intelligentes et plus durables pour l'avenir.

Pendant mon mandat en tant que membre du Parlement européen, je me suis concentré sur l'amélioration du système ferroviaire européen afin de faciliter le transport des passagers et des marchandises à travers l'Europe. Actuellement, le transport ferroviaire ne répond pas aux besoins nécessaires pour atteindre l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d'ici 2030. Par exemple, environ 75 % du fret total de l'UE est transporté par la route. Parmi la partie transportée par rail, environ la moitié franchit les frontières nationales, où des retards fréquents et d'autres problèmes rendent ce mode de transport moins efficace.

Un aspect important est donc de garantir un réseau ferroviaire Européen unifié avec des solutions de transport transfrontalier efficaces. Aujourd'hui, nos systèmes sont insuffisants en raison de voies ferrées contrôlées au niveau national, de divers systèmes de signalisation et de réglementations, rendant les voyages en train transfrontaliers inefficaces, coûteux et dépriorisés. Il y a également un manque de communication entre les gestionnaires d'infrastructures ferroviaires, rendant l'allocation de la capacité inutilement compliquée. Cela affecte les habitudes de voyage des Européens ainsi que le transport de marchandises, car il est moins cher et plus facile de réserver un billet d'avion de Stockholm à Bruxelles ou de Copenhague à Milan, plutôt que de prendre le train. Nous savons que les Européens veulent voyager en train : cela est évident avec l'augmentation des voyageurs en Allemagne après l'introduction du Deutschland-ticket. Le rail représente l'avenir de la mobilité européenne, avec le potentiel de voyages pratiques et agréables pour des millions d'Européens. Nous devons donc faire beaucoup plus pour libérer tout son potentiel pour un avenir plus vert et accessible. Si nous donnons l'option aux Européens, ils la choisiront !

En résumé, nous avons besoin d'un changement de paradigme dans les transports, incluant une réglementation harmonisée et des investissements dans les infrastructures transfrontalières. Cela implique d'améliorer l'interopérabilité du réseau et de changer fondamentalement la manière de planifier les infrastructures : d'une perspective nationale à une perspective européenne. Un véritable réseau de transport Européen créera une multitude d'avantages pour tous les Européens, générant des flux de transport plus fluides et plus efficaces et augmentant l'accès à la mobilité.

Dans mon travail, j'ai abordé le défi de la réservation de billets pour les voyages en train transfrontaliers, un aspect crucial de la mobilité qui, à mon avis, nécessite beaucoup plus d'attention. Cela est particulièrement évident étant donné l'absence de propositions de la Commission pour des services de mobilité numérique multimodale (SMNM). Les solutions sont nombreuses. Les compagnies ferroviaires devraient, par exemple, ouvrir leurs plateformes de réservation à des vendeurs tiers pour permettre aux voyageurs de comparer les trajets et les prix, similaire à l'achat de billets d'avion. Les systèmes de réservation fermés empêchent actuellement les ventes par des tiers, entraînant des billets inutilement chers et une expérience de réservation compliquée. Nous devons aussi renforcer les droits des passagers pour les voyageurs combinant les transports de plusieurs compagnies. Il est crucial d'établir et de mettre en œuvre des réglementations claires qui permettent d'augmenter les voyages en train à travers l'Europe.

Il est grand temps de mettre en œuvre les nombreuses solutions à notre disposition et de créer des systèmes de mobilité interconnectés en Europe. La science est claire : pour atteindre nos objectifs climatiques, le secteur des transports doit se transformer rapidement. Nous avons besoin d'un changement modal – loin des modes de transport intrinsèquement non durables tels que l'aviation et la route, vers l'option intrinsèquement la plus durable – le chemin de fer. En adoptant une approche collaborative de la gestion des frontières et en passant de systèmes ferroviaires contrôlés au niveau national à des systèmes plus synchronisés au sein de l'Union, nous pouvons créer un continent plus connecté, résilient et durable.