Interview

Décarbonation

Inventer de nouveaux chemins : Les défis de la mobilité

  • Antoine Grange

    Antoine Grange

    Directeur Général Europe

07 Juin 2024

Que signifie la mobilité pour vous ?

La mobilité est l’expression de la liberté. Mais avec les défis actuels auxquels nous sommes confrontés, la crise énergétique, l’inflation, la pénurie de conducteurs et les conséquences du changement climatique, la liberté de chacun de se déplacer a eu un coût important. Le défi est le suivant : comment faire en sorte que la mobilité continue d’offrir cette liberté, tout en protégeant le climat ?

C’est ce qui vous a incité à créer the Mobility Sphere ?

Oui. Nous le devons aux jeunes générations, qui ,partout dans le monde, ouvrent de nouvelles voies, abattent des murs et changent notre façon de faire. Nous devons sortir des sentiers battus et nous pensons que notre groupe de réflexion, The Mobility Sphere, est le bon outil pour proposer et débattre d’idées et de solutions dans le but ultime de fournir des solutions de transport accessibles et à faible émission de carbone pour tous.

Qui est invité à participer ?

Nous avons besoin des idées et des contributions de toutes les parties prenantes pour aller de l’avant. Les « 50 questions pour 2050 » que nous avons commencé à publier sur notre site web font partie intégrante de notre approche. Tout le monde est invité à formuler une question sur la neutralité carbone en Europe d’ici 2050. C’est un espace très inspirant.

C’est aussi un moment crucial pour les autorités publiques à tous les niveaux – local, régional, national et transnational – de se réunir avec les représentants de l’industrie, les experts et les citoyens pour éliminer les obstacles sur notre chemin vers la neutralité carbone dans la mobilité. Nous sommes à la recherche d’idées inspirantes provenant de toute l’Europe.

Quels sont les principaux défis auxquels l’Europe est confrontée d’un point de vue politique ?

En tant que directeur général du groupe Transdev Europe, je considère que les principaux défis sont les suivants : la décarbonisation et son financement, le soutien au bon mix énergétique, ainsi que le développement des transports publics pour réduire l’utilisation de la voiture dans les zones périurbaines et rurales.

Dans le domaine des transports, la pénurie de chauffeurs est également un problème réel, qui implique des questions sur la manière d’attirer et de recruter des chauffeurs. Ceci est également lié à la question de l’immigration.

Existe-t-il une solution unique qui puisse s’appliquer à tous les endroits du monde ?

Non, bien sûr. La réalité plus large de la mobilité englobe des situations et des défis extrêmement divers, du nord de la Suède au sud du Portugal, du centre-ville de Dublin à la campagne de Moravie en République tchèque.

En Suède, par exemple, nous équipons nos bus d’un système spécial de gestion thermique des batteries conçu pour des conditions climatiques extrêmes.

Et parfois, les réseaux ferroviaires urbains sont la meilleure solution, comme à Rabat, au Maroc, où nous exploitons le réseau de tramway qui a fait passer le nombre de passagers quotidiens à 150 000.

Nous recherchons toujours les solutions les mieux adaptées au lieu, en fonction de la culture, des habitudes et du climat.

Ce qu’elles ont en commun, c’est notre idée maîtresse : nous ne déplaçons pas des véhicules, mais des personnes.

Vous avez parlé de « sortir des sentiers battus »… Avez-vous un exemple ?

Parfois, une idée originale est aussi simple. Par exemple, on entend souvent dire que les routes sont nos ennemis parce que le transport routier contribue énormément aux émissions de CO2.

Mais ce sont les véhicules polluants qui posent problème, pas les routes. En mettant sur ces routes des bus électriques de grande capacité alimentés par des énergies renouvelables, nous transformons une partie du problème en une partie de la solution.