Aujourd’hui, le constat est alarmant : nous ne sommes plus face à une simple perte de la biodiversité, mais à un véritable effondrement de celle-ci.
Pour limiter la pression sur la biodiversité en lien avec la mobilité, nous devons avant tout faire avec “le déjà-là”, c'est-à-dire ne pas construire de nouvelles infrastructures. Car faire avec l’existant, c’est notre meilleur moyen de lutter contre les grandes pressions qui provoquent l’effondrement de la biodiversité.
Parmi ces pressions, la fragmentation des milieux, à savoir le changement d'usage des sols, est un défi crucial à soulever. D’un point de vue écologique, les écosystèmes naturels dépendent de tailles critiques. Plus on coupe un milieu, notamment avec une infrastructure, moins les espèces, petites et grandes, peuvent se déplacer. En France, ce maillage territorial se traduit par une multiplication de voies de chemin de fer et de routes. De ce fait, l’introduction de nouveaux projets autoroutiers peut susciter des préoccupations écologiques. C’est notamment le cas du projet de l'autoroute A69 Toulouse-Castres, controversé sur le plan écologique pour l’abattage de platanes 200 ans. Ainsi, pour prévenir ce type de tension, il est nécessaire de faire avec “le déjà-là", et ce sans créer de nouvelles infrastructures routières ou même élargir les routes.
Ensuite, nous devons apprendre à mieux mesurer la biodiversité grise, celle-ci rassemblant tous les impacts de diverses activités sur les écosystèmes. En ce qui concerne l'électrification du parc automobile, nous ne devrions pas simplement déplacer le problème de la pollution atmosphérique, en endommageant d'autres écosystèmes ailleurs. Nous devons privilégier les solutions qui prolongent la durée de vie des équipements ou qui transforment les voitures thermiques en véhicules électriques.
Enfin, toutes les rénovations d'infrastructures de mobilité doivent s'accompagner d'un dispositif d’aménagement pour la biodiversité qui prend en compte le trio essentiel : l'eau, le sol et le végétal. La piétonisation, l'émergence de voies de bus, ou encore l’apparition de pistes cyclables, doivent être systématiquement accompagnées d'une végétalisation. Parce qu’avec l’avènement de l’intelligence artificielle et de l’autopartage, nous pouvons optimiser le nombre de véhicules sur les voies pour transformer les parcours temporaires végétalisés de manière pérenne. Ce sont les premières étapes nécessaires pour accompagner l'évolution durable de ces mobilités.
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