Convention Trans.cité : Les défis de la mobilité périurbaine

10.11.2021
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C’est à Madrid que l’association Trans.Cité a choisi de tenir sa convention annuelle, du 19 au 21 octobre dernier. Les débats et les échanges ont porté sur les nombreux défis de l’organisation de la mobilité périurbaine.

 

Pascal Bolo, président de Trans.Cité et Luis Miguel Martinez, directeur général du Consortium Régional des Transports de Madrid, ont accueilli près de 100 élus et acteurs de la mobilité du quotidien, afin d’observer au plus près les particularités madrilènes, puis d’élargir les points de vue à partir de cette expérience inspirante. Depuis plus de 35 ans, l’autorité métropolitaine des transports de Madrid déploie une infrastructure réversible unique en Europe pour mieux organiser la mobilité périurbaine et aider au report de la voiture individuelle vers les transports en commun. En France comme en Espagne, les défis de la mobilité périurbaine « sont confrontés à une grande hétérogénéité de situations relevant aussi bien de la géographie des territoires que des traditions politiques », a rappelé en ouverture Pascal Bolo. Dans tous les cas de figure, il est indispensable de bien appréhender l’échelon du périurbain autour duquel se cristallise, plus que jamais, de nombreux enjeux sociaux, économiques et environnementaux et dans lequel réside un Français sur quatre. « Se saisir du périurbain, c’est mieux penser la densité et l’aménagement du territoire et substituer au couple symbolique maire-architecte, le trio maire-architecte-géographe », analyse Christophe Bouillon, maire de Barentin, président de la Communauté́ de communes Caux-Austreberthe et président de l’Association des petites villes de France. Quant aux relations entre urbain et périurbain

 

 

La question pour les communes ne résidera pas dans la perte ou dans le transfert de compétence mais bien dans l’adhésion au projet. On doit se situer dans une logique de management. Avec les moyens existants, on peut déjà faire mieux sans prétendre faire passer tous les territoires sous la même toise.

Michel Neugnot, 1er vice-président en charge des mobilités, des transports scolaires, de l’intermodalité et des infrastructures du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté

Le changement de nomenclature récemment opéré par l’INSEE sur le périurbain fournit l’opportunité de se défaire de quelques idées préconçues sur ces territoires aux frontières mouvantes. « Occupant une grande surface avec une population assez limitée, ce ne sont ni des espaces pauvres, ni des espaces abandonnés. De plus, ce sont des territoires que l’on choisit d’habiter, car l’on y choisit ses voisins », affirme le géographe Jacques Lévy.

Les territoires périurbains se révèlent également être des terrains d’accélération des grandes transitions écologiques comme l’Auxerrois mobilisé dans l’hydrogène vert.

Crescent Marault, maire d’Auxerre et président de la Communauté de l’Auxerrois

Ce sont aussi des lieux d’expérimentation et des « laboratoires de démocratie participative », pour Christophe Bouillon. Ils peuvent prétendre être une chance pour les métropoles voisines. « C’est le cas de Libourne qui dispose des surfaces nécessaires pour loger les étudiants de Bordeaux saturée par le phénomène Airbnb », explique Philippe Buisson, maire de Libourne et président de la Communauté d’agglomération du Libournais.


Ainsi, les itinéraires destinés à porter la future mobilité périurbaine devront-ils :

 

  • Être articulés autour d’axes structurants pour obtenir une relative massification avec les trains, les lignes de Cars à Haut Niveau de Service (CHNS), des tram-trains, des tramways de périphérie (comme à Barcelone), des lignes de covoiturage, etc. « C’est ce qu’a engagé Mulhouse qui fête cette année les 10 ans de son tram-train reliant la ville et ses services à Wittelsheim, au fond de la vallée », rappelle Yves Goepfert, vice-président en charge des infrastructures, du transport et des mobilités de Mulhouse Alsace Agglomération et maire de Wittelsheim. « La Nouvelle-Aquitaine a opté pour les CHNS afin d’apporter des réponses à l’embolisation de Bordeaux avec une offre de service de grande amplitude et une accélération de la desserte en limitant les points d’arrêt », souligne Pascal Morganti, directeur régional Transdev Nouvelle-Aquitaine & Occitanie.

 

  • Proposer une desserte plus fine autour de hubs intermodaux et de gares autoroutières « à l’image de la pionnière et toujours emblématique gare de Briis-sous-Forges [Essonne], sur le territoire de la Communauté de Communes du Pays de Limours », rappelle William Berrichillo, vice-président délégué à l’Organisation des transports et au Développement économique de la Communauté de communes du Pays de Limours et maire de Saint-Maurice-Montcouronne. Il faut aussi en parallèle penser à la gestion des parcs-relais et des gares routières en vue de constituer des hubs de service et des nœuds modaux innervant des territoires plus ou moins denses. « Il faut également rapprocher opérateurs de stationnement et opérateurs de transport au niveau des parcs-relais pour mutualiser et rentabiliser l’espace », indique Marie-Josée Nalher, directeur adjoint stationnement et gestion déléguée, gares routières et parcs-relais d’Aix-Marseille-Provence Métropole.

 

  • Fournir des solutions de mobilité alternative sur mesure qu’il s’agisse du « TAD nouvelle génération déployé dans le Cotentin couplé avec des VAE en location longue durée », indique Arnaud Catherine, vice-président en charge des Mobilités de Cotentin Communauté d’agglomération ou de la mise en service des « Lulu », « ces véhicules électriques qui depuis septembre 2021 sillonnent le territoire du pays de Lunéville », se réjouit Guillaume Cornil, directeur du PETR du Pays du Lunévillois. Quant à la Métropole du Grand Lyon, « elle incite au covoiturage pour capter les flux massifs de la périphérie vers le centre en mettant en place des voies réservées sur 14 km d’autoroute », ajoute Pierre Soulard, responsable du Service Voirie Mobilité Urbaine, Direction de la Voirie, du Végétal et du Nettoiement, à la Métropole du Grand Lyon.
    Enfin, la LOM fournit la boîte à outils nécessaire au périurbain pour construire des passerelles avec les métropoles voisines et construire de nouvelles solutions de mobilité qui contribueront à faire de ces territoires de nouveaux pôles d’attractivité.