C’est notre quotidien : Rencontre avec Gwendal Gicquel, Directeur Transdev Rail Sud Inter métropoles, France

27.03.2025
Gwendal Gicquel, Directeur Transdev Rail Sud Inter métropoles, France
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Gwendal Gicquel est à la tête de l'exploitation de la ligne Marseille-Toulon-Nice, historique car première ligne régionale ouverte à la concurrence du ferroviaire en France. En tant Directeur de Transdev Rail Sud Inter métropoles, il partage son parcours, les défis liés à ce lancement inédit et son ambition pour un service plus moderne, accessible et performant.

Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

J’ai 48 ans et j’ai rejoint Transdev en 2021 pour préparer le démarrage de l’exploitation de la ligne Marseille – Toulon – Nice après la signature du contrat avec la région. Mon parcours est international et multisectoriel : financement des infrastructures de transport pour la Banque mondiale (Madagascar), exploitation portuaire et logistique (Congo), industrie pétrolière (Nigeria). De retour en France, j’ai dirigé une filiale dans le transport combiné. Entre 2009 et 2021, j’ai alterné études et projets entrepreneuriaux avant de rejoindre Transdev.

La ligne entre Marseille, Toulon et Nice est la première ligne ferroviaire régionale en France ouverte à la concurrence, pouvez-vous nous en dire plus sur ce contexte ? 

L’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire découle d’une directive européenne imposant des appels d’offres aux États membres. La France, l’un des derniers pays à l’appliquer, s’inspire des expériences de ses voisins, comme l’Allemagne, qui a 30 ans de recul. Contrairement au Royaume-Uni, qui a privatisé jusqu’à l’infrastructure, la France ouvre uniquement l’exploitation ferroviaire à la concurrence. La région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur a été la première à lancer cette démarche, suivie par le Grand Est, les Hauts-de-France et les Pays de la Loire. Elle a divisé son réseau en quatre lots : la ligne Marseille-Toulon-Nice, un lot autour de Nice remporté par la SNCF et mis en service en décembre, et un troisième lot auquel Transdev participe. Un quatrième lot sera lancé prochainement. Ce contexte inédit implique une phase d’apprentissage et d’adaptation. Au-delà des aspects techniques, l’enjeu est aussi de construire une relation transparente et constructive avec la région Sud, qui travaille pour la première fois avec un opérateur autre que la SNCF.

Remportée en novembre 2021, son exploitation débutera à l’été 2025 : quels ont été les enjeux, les complexités de la préparation de ce lancement ?

Quatre ans peuvent sembler longs, mais passent très vite. Ce projet implique plusieurs défis : industriels, humains et organisationnels. Avant même de construire les trains, il a fallu s’accorder avec Alstom et la région sur leur conception. Trois contrats clés encadrent le projet : avec la région, Alstom pour la fabrication du matériel roulant et NGE pour le site de maintenance à Nice, en plein centre-ville, sur un site encore exploité par la SNCF jusqu’à mi 2025. L’enjeu humain est majeur : nous sommes passés de 2 personnes au lancement à plus de 80 aujourd’hui et serons 220 d’ici quelques mois. Le recrutement est rigoureux, notamment pour sélectionner 40 conducteurs à former parmi 1 000 candidats, ainsi que 80 agents de relation client et des responsables dans tous les services. La montée en puissance est rapide et représente un véritable challenge.

Rame Alstom Omneo pour la ligne Marseille-Toulon-Nice Atelier Alstom Zou

Dans quelle mesure la ligne va-t-telle contribuer au développement du territoire ? 

Transdev crée de l’emploi local et qualifié, avec un ancrage à Marseille et Nice. Dans le cadre de ce nouveau marché, l’offre proposée sera en rupture avec l’existant. L’objectif est de développer les transports du quotidien – pour aller au travail, à l’université, au lycée, voir sa famille ou ses amis – et soutenir le développement touristique d’une région très attractive. Dès juin, la fréquence des trains doublera, avec un train toutes les heures entre 5h30 et 21h30, soit 14 allers-retours par jour en semaine contre 7 actuellement. L’objectif est d’offrir un service plus fréquent, fiable et confortable, encourageant ainsi un report modal. La Région est particulièrement dynamique dans le développement de l’offre de transports collectifs, tant en termes de volume d’offre que de qualité de service. Ce projet illustre la volonté d’améliorer ces performances dans une région historiquement tournée vers la voiture.

 Qu’est ce qui change pour le passager en termes d’interlocuteur, de fréquence, de tarifs, de services ?

Le tarif ne change pas. Transdev ne vend pas de billets aux usagers, mais fournit des trains à la région, qui commercialise le service via un nouveau système de billetterie. Deux grandes améliorations sont à noter. D’abord, le confort à bord : des trains neufs avec Wi-Fi, portail de divertissement, informations en temps réel et distributeurs automatiques pour les boissons et snacks. Ensuite, une meilleure accessibilité : les anciens trains Corail seront remplacés par des modèles adaptés aux personnes à mobilité réduite, avec la possibilité d’embarquer des vélos. Enfin, la posture commerciale évolue. Les agents Transdev ne se limiteront pas au contrôle des titres de transport : ils joueront aussi un rôle d’accueil, d’accompagnement et d’assistance pour améliorer l’expérience des passagers.

Rame Alstom Omneo pour la ligne Marseille-Toulon-Nice Zou

Le mot de la fin ? Avez-vous quelque chose à ajouter, à dire à nos lecteurs, un point de vue personnel ? 

Ce projet est une aventure incroyable ! Nous sommes les premiers à le faire, et ça, c’est une vraie fierté. Construire une équipe de zéro, tout imaginer, tout mettre en place, c’est un défi passionnant et stimulant. En plus, nous ouvrons un nouveau marché pour Transdev, un véritable relais de croissance. Et surtout, tous les regards sont tournés vers nous ! Notre réussite va influencer l’avenir du ferroviaire en France et l’ouverture à la concurrence. C’est une mission ambitieuse : prouver que ça marche et montrer la voie pour les années à venir !