Il y a eu « l’avant » crise sanitaire, le « pendant » et désormais « l’après ». Qu’est ce qui a durablement changé avec l’obligation de vivre aujourd’hui avec la Covid ?
Que sont devenus nos clients d’avant Covid ? Comment ont évolué les usages et les parts modales ? Comment faire revenir les « absents » ? Qui se « cache » derrière chaque voyageur ? Et finalement, qu’est ce qui se dessine à plus long terme pour demain ?
C’est ce que révèlent les résultats de notre 7ème baromètre MV2 Transdev réalisé en mai 2022. Une édition « augmentée » à la fois sur la taille de l’échantillon pour s’étendre aux nouveaux utilisateurs et aux villes moyennes, et sur le contenu du questionnaire visant ainsi à :
- Mieux appréhender les changements de comportements de ceux qui ont repris les Transports en commun (88% des anciens utilisateurs des transports en commun étaient revenus fin octobre 2021). Les baromètres précédents se focalisaient essentiellement sur ceux qui les avaient délaissés.
- Identifier les changements durables, et ce qui relève de changements d’environnement personnel, le « turn over naturel » à l’origine de la baisse et de la hausse de fréquentation et du report modal.
- Mesurer l’impact du télétravail, de l’augmentation de l’essence, de l’arrivée programmée des ZFE, sur la mobilité et sur les intentions de fréquentation des Transports en commun.
Que sont devenus nos clients d’avant Covid ?
- 86% sont restés fidèles (résultat en ligne avec ceux de la vague 6 d’octobre). Ce sont notamment 8% de ces clients qui ont réduit leur niveau d’usage, en lien avec les changements de pratiques sur le travail. A l’inverse, 7% ont augmenté l’usage qu’ils en faisaient et citent principalement la congestion routière comme motif de changement.
- 14% sont toujours « absents » (usagers des Transports en Commun avant Covid qui ne les avaient pas repris fin 2021 ni 6 mois plus tard en mai). Ils sont également un peu plus indécis quant à leurs intentions de reprise.
- 5% déclarent ne pas avoir l’intention de revenir dans les transports en commun ;
- 4% avaient l’intention de revenir d’ici la fin de l’année ;
- 5% n’indiquent ne pas savoir.
Par ailleurs, 3% des personnes interrogées étaient absentes des transports en commun avant la pandémie et les empruntent aujourd’hui. C’est pourquoi le solde net en termes de voyageurs et de voyages est d’environ 90% du nombre de voyageurs avant la Covid.
Comment ont évolué les usages ?
Comme pour les baromètres précédents, plus l’usage est élevé plus le taux de retour dans les transports collectifs est important. Cependant les écarts sont moins marqués en mai dernier par rapport à 2021.
En termes de fréquence d’usage : les voyageurs réguliers (utilisant au moins 3 fois par semaine les transports) sont plus revenus que les occasionnels (au plus 1 ou 2 fois par semaine), avec un taux de retour de respectivement 92% et 80% mi-mai. En comparaison les taux de retour pour ces catégories étaient respectivement de 96% et 64% fin 2021. L’écart s’explique par une composition un peu différente de l’échantillon enquêté (moins de jeunes), mais surtout la fin des dérogations aux accords classiques de télétravail.
L’écart le plus important concerne les « plus occasionnels » (au plus 1 déplacement par mois) dont le taux de retour a doublé : 1/3 d’entre eux étaient revenus fin 2021. Ils sont aujourd’hui 2/3, ce qui corrobore la progression entamée fin 2021 des titres occasionnels (tickets, carnets). Ils sont maintenant très minoritaires à ne pas déclarer d’intention de revenir (6%).
En termes de PCS et d’âge ce sont aussi les plus jeunes actifs, les ouvriers et artisans, qui sont plus nombreux à avoir augmenté leurs déplacements.
A l’autre bout du spectre, les séniors, ont baissé leur usage mais ont les plus fortes intentions de retour (6% vs 3% au global). A l’inverse des cadres et des Télétravailleurs qui n’ont pas ces intentions.
Niveau d’usage « avant / après Covid » : près d’1 client sur 2 (43%) déclare avoir changé son mode de « consommation » des Transports en commun depuis mars 2020, pour moitié d’entre eux à cause du Covid (22%).
L’impact de la Covid est encore plus marqué chez les occasionnels (30%) et les télétravailleurs (36%). Il est également, sans surprise, à l’origine du changement d’habitude d’ 1/3 des nouveaux usagers, et de 3/4 des anciens utilisateurs désormais absents des transports en commun.
Comment se déplace-t -on aujourd’hui (en mai) ? Avec quel titre ?
Plus de 9 personnes sur 10 (92%) utilisent les transports en commun dans la semaine comme elles le faisaient avant Covid, mais les déplacements se sont reconcentrés en semaine du fait d’un plus faible usage globalement (6% des usagers ne se déplacent plus le week-end).
Les transitions les plus fortes se retrouvent chez les occasionnels et les télétravailleurs. Ils sont respectivement 58% à avoir changé leurs horaires, et 20% leurs jours de présence au bureau.
Si 13% ont changé de titre, principalement en basculant de l’abonnement (annuel ou mensuel) vers des titres occasionnels (carnet et tickets), mais aussi vice-versa, le solde net de transfert vers les titres occasionnels n’est que de 3%.
A noter : 6% des télétravailleurs déclarent avoir modifié leur abonnement de transport.
Travail à distance, des pratiques durablement installées mais de quelle ampleur ?
Même si le télétravail est installé à raison de 2 jours / semaine en moyenne, soit un de plus qu’avant la crise, son ampleur reste nuancée sur les volumes de déplacement.
Il joue principalement sur la baisse d’usage des cadres qui font globalement moins de déplacements pour d’autres motifs que le travail, et envisagent peu de les augmenter : 1 sur 5 seulement prévoit de se déplacer davantage sur son lieu de travail ou de moins télétravailler.
A noter, et cela confirme les observations précédentes, que les télétravailleurs, contrairement aux autres profils de voyageurs, sont très peu enclins à utiliser les transports en commun pour d’autres motifs (loisirs, achats, médical, etc…) que le travail qu’ils réalisent probablement en voiture.
Pour quoi utilise-t-on les transports en commun aujourd’hui ?
Tous les motifs de déplacement ont augmenté, avec 3 motifs prédominants :
- Les déplacements domicile travail pour 3/4 de la clientèle ( 77% soit +5 points depuis octobre) qui sont ceux qui étaient déjà le plus revenus fin 2021 (les pendulaires fréquents) ;
- Les déplacements non contraints (+ 10 points depuis octobre) : achats loisirs (55%), et démarches administratives/médicales (49%) qui concernent plus les occasionnels et les séniors.
Quels sont les profils de voyageurs ?
Ceux qui ont réduit l’usage des transports en commun (8%) : télétravail et report sur la voiture en cause.
- Report vers la voiture pour 1 voyageur sur 3 ;
- Hausse du Télétravail pour 1 voyageur sur 4 ;
- Report vers la marche pour 1 voyageur sur 6 ;
- Achats de proximité pour 1 voyageur sur 6 (plus marqué pour les séniors).
D’autres motifs sont cités, mais restent minoritaires (au plus 1 voyageur sur 10) : les changements d’environnement personnel (déménagement, changement de travail/d’école, raisons familiales), les achats et démarches en ligne, la peur du Covid (plus importante chez les séniors) et le report vers le vélo.
Les absents qui ont « deserté » les transports en commun (14%) :
« La faute » là encore au report sur la voiture, et moins au covid et/ou aux craintes sanitaires. Le télétravail joue également dans la mesure où les absents sont aussi plus représentés chez les télétravailleurs (18% soit + 8 points vs l’échantillon global) et les cadres (trois fois plus).
Trois motifs principaux à l’origine de leur absence (encore plus cités que chez ceux qui ont réduit leur usage) :
- Le report sur la voiture pour 4 voyageurs sur 5 ;
- La marche pour près d’1 voyageur sur 2 ;
- Les courses de proximité pour 2 voyageurs sur 5.
Qu’est-ce qui peut les convaincre de reprendre les transports en commun ? (indécis et ceux qui ne pensent pas revenir pour le moment) :
- Une hausse du prix des carburants pour plus d’un utilisateur historique sur 2 (57%) ;
- Des restrictions sur l’utilisation de la voiture particulière (1 sur 2), en cohérence avec le motif « embouteillages » également cité ;
- L’accès facilité à des P+R gratuits ou peu chers (1 sur 2).
A cela s’ajoutent pour plus d’1 voyageur sur 4 le levier tarifaire (baisse du prix des transports, soit 22% pour les usagers fréquents), le sentiment de sécurité (36% des occasionnels), le gain de temps par rapport à la voiture (21%), la vaccination (21% des fréquents) et l’urgence climatique (17% sans distinction de profil).
Ces intentions sont à relativiser. Si la question du pouvoir d’achat (tarifs des transports, prix de l’essence) semblent être des déterminants importants pour recouvrer une partie de la clientèle perdue, on s’aperçoit qu’il n’a pas été déterminant dans les transformations opérées depuis le début de la pandémie.
Ceux qui ont augmenté leur usage (7%) :
Les embouteillages en sont le facteur le plus déterminant (60%). Ansi que la réduction du nombre de jours en télétravail (50%) ou le changement d’emploi (17%) pour les télétravailleurs.
Le manque de stationnement (17%) est davantage évoqué par les séniors.
Et Les nouveaux utilisateurs (3%) ?
Ce sont des actifs confirmés, 36-45 ans, professions intermédiaires/employés. Plus de 8 sur 10 utilisent les transports en commun pour se rendre au travail (82%). Plus de 3 sur 4 citent au moins un argument contre la voiture comme motif de d’utilisation des transports collectifs : augmentation du prix de l’essence (1/2), embouteillages (4/10), manque de place pour se garer (1/4). Leurs craintes sont exclusivement d’ordre sanitaire (peur d’attraper des maladies dont la Covid) avec le souhait plus marqué de maintien du masque (56% vs 48% au global).
Quelles perspectives pour demain ?
6% des usagers envisagent d’augmenter leur usage des TC et 2% de le réduire.