Face à une mobilité durablement affectée par deux ans de crise sanitaire, que nous révèlent les résultats de notre 6ème baromètre MV2 Transdev ?
Les intentions de reprise d’avant l’été ont-elles rejoint les observations de la rentrée ? Les indécis d’hier se sont-ils décidés, et pourquoi ? Quels sont les nouveaux comportements désormais installés ? Quels passagers continuent de télétravailler et en quelles proportions ? Quels changements structurels cela induit -il en termes de besoins de mobilité ? Quelles sont les craintes qui perdurent encore quant au fait de (re)prendre les transports en commun et quels sont les leviers de (re)-conquête ? La question qui se pose est en effet celle des cibles dont il faut regagner la confiance au-delà de l’enjeu permanent de conquête de nouveaux voyageurs.
Qu’observe-t-on aujourd’hui dans cette phase de crise sanitaire, désormais installée plus durablement, et de « nouvelle normalité » avec la vaccination en arrière-plan ?
Mi-octobre, 88% des voyageurs étaient présents dans les transports alors qu’ils n’étaient que 71% en mai dernier. Les intentions de reprise relevées au mois de mai pour la rentrée de septembre se sont révélées justes, à ceci près qu’une fraction des indécis s’est décidée à revenir.
Parmi les 88% de voyageurs ayant repris le chemin des transports collectifs, 74% déclarent les utiliser autant qu’avant (chiffres en ligne avec les derniers résultats de l’observatoire de la mobilité IFOP UTP d’octobre 2021), 4% ont augmenté leur usage et à l’inverse 10% les utilisent moins qu’avant.
Les indécis d’avant l’été se sont-ils décidés, et pour quoi ?
Les indécis sont des voyageurs déclarant ne pas savoir aujourd’hui s’ils reviendront dans les transports en commun. S’ils sont en nette décroissance (leur nombre a diminué des deux-tiers, passant de 9% en mai à 3% en octobre), une part non négligeable d’entre eux s’est néanmoins détournée des transports publics : 5% déclarent ne jamais reprendre les transports contre 0,6% en mai dernier.
L’analyse du profil des voyageurs montre que les « abandonnistes » concernent les occasionnels, soit près d’un sur deux (45%) pour ceux qui utilisaient les transports en commun au plus une fois par mois. Par extension, les séniors ayant des comportements plutôt occasionnels, sont les publics les plus réfractaires au retour avec près de 18% d’« abandonnistes ».
Après une reprise marquée en septembre, les marges de gain de voyageurs à fin 2021 et en 2022 sont donc plus limitées : environ 2% de fréquentation en plus par rapport à octobre, avec des croissances plus significatives chez les plus occasionnels (+5%) et les télétravailleurs (+8%)
Quels sont les nouveaux comportements désormais installés ? Qui et combien d’usagers continuent de télétravailler ?
Le télétravail, (entre 2 et 3 jours par semaine pour deux-tiers des sondés en octobre dans notre enquête), ne concerne plus au global que 15% des personnes interrogées, résultat en ligne avec les données de la DARES d’octobre. C’est la première raison de non reprise des transports parmi les usagers « fréquents ».
Ainsi, la baisse de fréquentation est essentiellement due à des changements de contexte (télétravail pour les usagers fréquents) et non de mode. Les usagers qui utilisent moins souvent les transports évoquent en effet davantage le télétravail (46%) et le fait que leurs déplacements ne nécessitent pas ou plus de se déplacer (39%). Le report vers d’autres modes, notamment la voiture, reste très marginal, à l’inverse des actifs qui ne pratiquent pas de télétravail et pour qui la voiture individuelle apparait comme l’argument principal d’abandon des transports en commun (plus de la moitié d’entre eux).
Les télétravailleurs usagers des transports en commun pour des motifs domicile-travail sont-ils moins nombreux à également utiliser les transports pour leurs loisirs ?
Si par rapport à la moyenne des actifs, les télétravailleurs utilisent par définition moins les transports en commun pour le motif « travail », ils l’utilisent également moins pour des motifs non contraints (achats, loisirs). On peut faire l’hypothèse, que l’on vérifiera dans notre prochaine édition du baromètre, d’un lien possible entre cette baisse des usages pour motif privé avec la baisse des déplacements chaînés des pendulaires désormais en télétravail, voire aussi d’une utilisation de la voiture pour leurs déplacements autres.
Marche et voiture, les grands gagnants de l’abandon des transports publics
Environ un voyageur sur deux n’ayant pas repris le chemin des transports en commun déclare s’être reporté sur la voiture individuelle (52% répartis entre 57% des occasionnels et 36% des usagers fréquents). Les reports sur la marche (9%) et le vélo ou la trottinette (8%) restent minoritaires. La crainte du Coronavirus reste présente pour un quart d’entre eux (24%).
À l’inverse, ceux qui ont simplement réduit leur usage des transports ne sont que 12% à avoir reporté ces déplacements sur la voiture individuelle. Ils ont réduit leur usage sans pour autant revoir leurs modes de déplacements.