Lorsque l’on parle d'infrastructures de transport, l'effet visuel de ces ouvrages est un sujet important à prendre en compte. Les habitants des zones traversées par ces infrastructures sont souvent enclins à s'opposer à leur construction, de peur de voir leur cadre de vie altéré, voire dégradé. Il est donc indispensable de consacrer un budget à l'analyse de ces paysages, en termes d’histoire, de géographie et de perceptions sociales.

La conception des infrastructures de transport doit établir un dialogue avec cette triple dimension. Le tracé, le profil et les ouvrages d’art accompagnant ces infrastructures doivent utiliser les éléments naturels (relief, hydrographie, végétation existante) pour s'y adapter : le viaduc de Millau fournit un exemple saisissant de ce dialogue. De cette manière, on peut non seulement éviter d'altérer les paysages existants, mais aussi renforcer l'acceptation de ces infrastructures par les populations locales.

En tant qu’éléments dynamiques, les paysages, aussi bien urbains que ruraux, peuvent également être remodelés, requalifiés à l’occasion du passage des infrastructures de transport. Ils donnent également la possibilité de créer de nouveaux aménagements paysagers à leurs abords. C’est le cas de la politique du « 1% paysage » instituée il y a trente ans dans le cadre des nouvelles autoroutes et voies rapides, traitement de la voirie urbaine de façade à façade à l’occasion du passage d’une nouvelle ligne de tramway.

Prendre en compte ces paysages environnants peut ainsi permettre de trouver un équilibre entre l'impact sur l'environnement et la nécessité de construire de nouvelles infrastructures pour améliorer les mobilités notamment décarbonées. Il est donc possible, à condition de raisonner en termes de projet global de concevoir des infrastructures qui mettent en valeur leur environnement paysager et qui se révèlent être des atouts pour le développement harmonieux de nos territoires.